Paroles: Pierre MacOrlan, musique: Lino Leonardi
Nous étions trois jolis garçons
Tous les trois du même canton
Moi et Cadet, Cadet d’Orly
Avec Elmir’ de Bois Baudry
On sortait de l’apprentissage
Moi charpentier, l’aut’ tonnelier
Plus Elmir’ qu’était sabotier.
Le jour du Tirage à Rebais
On était plus blanc qu’des navets
Que maudit soit c’sacré tirage
Et son foutu numérotage
En arborant nos numéros.
Y’en avait qu’un d’bon dans le lot
Et c’est moi qui l’eus en partage
J’avais donc rencontré la Chance
En tirant le bon numéro
Et j’gueulais « Vive l’indépendance»
Sur la route qui mène à Meaux
Pour m’en aller à la Cayenne
Prendre ma canne et mon trousseau
Un anneau d’or à mes oreilles
J’étais devoirant d’ la racroche
La fleur de St-Cyr-sur-Morin
Avec deux thunes dans ma poche
Et ma bell’ cann’ d’un mètre vingt
Aux abords de Troy’s en Champagne
J’fis la connaissance d’un Gavot
Qui se prenait pour Charlemagne.
J’lui foutis ma cann’ sur l’museau
J’savais pas c’que j’avais gagné
Dans la bonn’ ville de Toulon
J’fus pris par deux brassés-carrés
Qui me conduisirent au violon
Et l’on m’engagea pour la Chine
Dans les artilleurs de marine.
Mon Tour de Franc’ s’arrête là ;
C’est devenu mon Tour du monde
Mais comme on dit qu’la terre est ronde
C’est un tour qui n’en finit pas.
C’est l’destin qu’est la caus’de tout
Sans ça, j’s’rais cor’ dans l’paysage
En train d’chanter sur un faîtage.
Il m’rest’ dans l’cœur une chanson
Cell’que j’viens de vous faire entendre
Elle n’a p’t’être pas bonne façon
Mais c’est tout de même un’ chanson tendre
Quand j’tenais Margot par la main
Tout le long du Petit-Morin
Su’ l’pont d’Archet, près du moulin