Paroles: Louis Aragon, musique: Lino Léonardi
Vise un peu cette folle et ses souliers montants
Elle a tous les ruisseaux dans ses regards d'émail
Elle a tous les oiseaux sur son chapeau de paille
Et dans son sac à main ses rêves de vingt ans
Vise un peu ce gâchis de tulle et d'anémones
Ce rêve poussiéreux comme un vieux cendrier
C'est la feuille d'hier sur le calendrier
Le refrain défraîchi d'une chanson d'automne
Vise un peu ce sourire et ce palpitèment
Il s'en faudrait d'un rien qu'on se prenne à les croire
N'était la cruauté profonde des miroirs
Et ce reflet fané qui semble un reniement
C'est ma vie, il faut bien que je la reconnaisse
C'est ma vie et c'est moi, cette chanson faussée
Un beau soir l'avenir s'appelle le passé
C'est alors qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse...
Qu’attendais-tu de plus, quel sort, quelle aventure
Quelle gloire à toi seul ou quel bonheur volé
Qu’es tu d’autre à la fin, qu’à la meule est le blé
Qu’à la cendre est au feu, le corps à la torture..
Je ne vois pas ici vraiment ce qui te peine
Ou te donne le droit de crier dans la nuit
Ton destin te ressemble et ton ombre te suit
Les fous ce sont ceux-là qui pour d’autres se prennent